Quand un proche perd un bébé pendant la grossesse ou juste après la naissance, on ne sait souvent pas quoi dire ou faire. Par peur de mal faire, beaucoup se taisent ou s’éloignent. Pourtant, même une présence discrète peut tout changer.

Au sein de Zétwal An Syèl, nous accompagnons depuis 2020 des centaines de familles confrontées au deuil périnatal en Martinique. Nous l’avons constaté : l’entourage joue un rôle crucial dans la vie des parents endeuillés. Dans cet article, nous partageons des conseils pratiques et bienveillants, inspirés de nos ateliers et des témoignages des familles.


Pourquoi le deuil périnatal est-il si difficile à accompagner ?

Le deuil périnatal est souvent qualifié de deuil invisible : sans souvenirs matériels, sans photos, parfois sans chambre préparée, ni annonce officielle. Et pourtant, le lien qui rend la perte si douloureuse est bel et bien présent. Beaucoup de personnes ne savent pas comment réagir et, sans le vouloir, prononcent des phrases qui blessent :

“Tu es jeune, tu en auras d’autres.”
“C’est mieux maintenant que plus tard.”
“Il faut aller de l’avant.”

Ces phrases cherchent à réconforter mais minimisent la douleur, elles sont donc à éviter. Nous avons d’ailleurs fait des posts à ce sujet sur nos réseaux sociaux, vous pouvez les découvrir juste ici.


Écouter sans chercher à justifier

Accompagner un parent endeuillé après un deuil périnatal ne consiste juste pas à « trouver les bons mots » pour le consoler ou effacer sa peine. C’est accepter qu’aucune parole ne puisse réparer la perte. Beaucoup de proches, mal à l’aise face à la douleur, tentent de « positiver » : dire qu’il faut aller de l’avant, qu’il aura d’autres enfants. Mais ces phrases, même dites avec de bonnes intentions, minimisent la réalité du chagrin et peuvent blesser profondément.

Ce qui est vraiment aidant, c’est d’offrir sa présence sincère, sans condition. Rester aux côtés de la personne endeuillée, même en silence, lui montrer qu’elle n’est pas seule dans ce moment terrible. Parfois, un simple :

« Je suis là, si tu veux parler ou juste qu’on soit ensemble. »

ou

« Je ne sais pas quoi dire, mais je suis là. »

Accueillir la tristesse de l’autre sans chercher à la changer ou à la calmer est un vrai acte d’amour. Cela demande de supporter soi-même un certain inconfort : celui de voir la douleur sans pouvoir la supprimer. Mais c’est ce dont la personne a besoin : pouvoir vivre et exprimer son deuil en sécurité, sans jugement ni pression pour aller mieux.


Nommer le bébé, s’il a un prénom

Dans le deuil périnatal, l’une des blessures les plus profondes est l’impression que l’enfant n’a pas laissé de trace dans le monde. Souvent, l’entourage évite de prononcer son prénom, par peur de raviver la douleur ou de « mal faire ». Mais pour beaucoup de parents, entendre le prénom de leur bébé est un immense réconfort. Cela valide son existence, même brève : il ou elle a compté, il ou elle a été et est aimé(e).

C’est une forme de reconnaissance simple mais puissante : celle de leur rôle de parent et de l’identité de leur enfant. Pour l’entourage, cela peut paraître anodin, mais pour les parents endeuillés c’est un geste d’une grande délicatesse. Cela ouvre un espace où ils peuvent partager des souvenirs ou simplement se sentir moins seuls.

Exemples :

  • « Je pense souvent à [prénom]. »
  • « Je sais que [prénom] te manque. »

Proposer une aide concrète

Quand une personne traverse un deuil périnatal, même les tâches les plus simples du quotidien peuvent sembler insurmontables : faire les courses, préparer les repas, gérer les autres enfants, répondre aux messages. Beaucoup de proches disent : « Si tu as besoin, n’hésite pas ! », mais il est rare qu’un parent endeuillé ose demander. La douleur, la fatigue, la honte ou la peur de déranger freinent souvent ces appels à l’aide.

C’est pourquoi il est beaucoup plus aidant de proposer une aide précise et concrète, tout en laissant la liberté de refuser. Exemples de phrases simples :

  • « Je passe faire des courses pour toi, tu veux que je prenne quelque chose ? »
  • « Je peux venir garder tes autres enfants une heure ou deux si tu veux souffler. »

Un petit service peut avoir un impact immense pour le parent endeuillé : offrir un moment de répit, alléger la charge mentale ou simplement rappeler à la personne qu’elle n’est pas seule.


Être là sur le long terme

Le deuil périnatal ne se « termine » pas : il évolue avec le temps. Souvent, l’entourage est très présent dans les jours qui suivent la perte, mais ensuite la vie reprend son cours : travail, routine, obligations et cette étape douloureuse pour le parent endeuillé peut rapidement passer à la trappe.

ll est important de noter que certaines dates peuvent réactiver la douleur liée à la perte de leur enfant, comme :

  • La date du terme prévu
  • La Fête des Mères ou des Pères
  • La rentrée des classes
  • L’anniversaire de la perte ou de la naissance
  • Noël..

L’un des plus beaux gestes de soutien est de rester présent dans la durée. Pas seulement au moment de la perte, mais aussi des semaines, des mois, voire des années plus tard.

Astuce by Zétwal An Syèl : notez ces dates clés dans votre agenda. Avant qu’elles arrivent, pensez à envoyer un message, partager une pensée, offrir une fleur ou dire simplement

« Je pense à toi aujourd’hui. »

« Je sais que c’est une date importante, je suis là. ».

Tout comme l’aide concrète, être là sur le long terme peut apporter un immense réconfort. Ça montre qu’on n’oublie pas et qu’on reconnaît l’amour et la douleur du parent endeuillé, pour toujours.


Respecter aussi le silence

Parfois, les parents endeuillés n’ont pas envie de parler de ce qu’ils vivent. Pas tout de suite. Pas à vous. Et c’est important de comprendre que c’est O-K !

Le deuil périnatal est une expérience intime et unique.

Rappelez-vous que chacun avance à son rythme, et que certains ont besoin de temps avant de pouvoir exprimer ce qu’ils ressentent. D’autres préfèrent ne jamais en parler, et ils sont dans leur droit le plus absolu. Forcer la parole peut être perçu comme une intrusion ou une pression, qui alourdit encore le poids déjà porté.

La meilleure posture a adopté est celle d’une écoute disponible mais jamais intrusive. Signalez votre présence, votre disponibilité, mais sans exiger ou attendre que le proche endeuillé se livre. Be patient !


S’informer et apprendre

Accompagner quelqu’un qui vit un deuil périnatal ne s’improvise pas. C’est un chemin qui demande de la patience, des efforts et surtout beaucoup de bienveillance.

Souvent, on croit bien faire : on utilise des phrases toutes faites pour « réconforter », on change de sujet pour éviter la gêne, on agit comme on le ferait dans d’autres deuils. Mais le deuil périnatal a ses spécificités : l’absence de souvenirs tangibles, le tabou social surtout aux Antilles, la solitude des parents qui se sentent incompris.

S’informer, est une belle preuve d’amour et de soutien, c’est aussi et surtout reconnaître qu’on n’a pas toutes les réponses, mais qu’on veut comprendre pour être vraiment là.

Chez Zétwal An Syèl, nous croyons profondément à la force de l’éducation et de la sensibilisation. C’est pourquoi nous proposons :

  • Des ressources numériques et imprimées pour mieux comprendre le deuil périnatal
  • Des ateliers de parole et d’écoute pour l’entourage (An Ti Kozé) et les professionnels (Cercle des Pros, Formation en école et en entreprises)

Apprendre, c’est déjà s’engager à ne pas laisser ces parents seuls face à leur douleur. Vous pouvez déjà être fier de vous de vouloir faire ce pas.


Pour aller plus loin

Si vous souhaitez approfondir ces conseils ou participer à nos ateliers en Martinique, n’hésitez pas à nous contacter au 0696 20 17 33 ou à consulter nos ressources en ligne.

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