Astrid, interne en médecine nous raconte pourquoi elle a choisi d’écrire une thèse sur les fausses couches précoces en Martinique. Beaucoup de mamans ont accepté de répondre à ses questions ! Elle nous raconte son quotidien en tant que médecin généraliste

• Peux-tu te présenter ? 

Je m’appelle Astrid WEILLER, j’ai 27 ans et je suis interne Antilles-Guyane en dernière année de médecine générale.

• Peux-tu nous dire pourquoi as-tu choisi de traiter les fausses couches précoces pour ta thèse en médecine générale ? 

Pour plusieurs raisons. C’est un événement fréquent qui complique entre 12% et 24 % des grossesses et qui concerne environ 200 000 femmes chaque année en France. Tout le monde peut être touché de près ou de loin. Je pense qu’il y a une réelle méconnaissance et des tabous autour de ce sujet qui méritent d’être levés. Cette thèse était donc une opportunité pour moi. De plus, en tant qu’interne j’ai eu l’occasion de réaliser un stage en urgence gynécologique et j’ai vu la détresse de ces femmes, le peu de moyens qui étaient mis en place et surtout la banalisation des médecins. C’est vrai que c’est un événement tellement fréquent aux urgences gynécologiques, que ca a tendance à devenir un routine pour les médecins alors que c’est bien loin d’en être une pour ces femmes. C’est pourquoi je me suis demandé comment une femme pouvait vivre une telle épreuve ? Quels impacts ça pouvait avoir sur sa vie ? Et quels étaient leurs besoins et leurs attentes en termes d’accompagnement médical. 

• Rappelle-nous la définition de la fausse couche dite précoce ?

La fausse couche spontanée précoce est définie comme l’arrêt spontané d’une grossesse intra-utérine, c’est à dire à l’intérieur de l’utérus avant 14 semaines d’aménorrhée. Elle se présente le plus souvent par la survenue de métrorragie donc de saignements plus ou moins avec des douleurs pelviennes, c’est à dire en bas du ventre souvent à type de contractions. 

• En tant que médecin généraliste, qu’est-ce qui te marque le plus dans le deuil périnatal ? 

En ce qui me concerne je dirais la banalisation… La fausse couche est si fréquente qu’elle a tendance à être banalisée par le corps médical. Ça crée un sentiment de solitude, de souffrance, de non reconnaissance et surtout le sentiment que ces femmes sont totalement perdues alors qu’elles vivent ce deuil.

• Penses-tu qu’il y a des choses que les médecins généralistes pourraient mettre en place pour améliorer les prises en charge de ce type de deuil périnatal ? 

Justement, c’est ce que j’essaye de savoir par le biais de cette thèse en particulier en Martinique. Je veux savoir quels sont les besoins et les attentes de ces patientes en termes d’accompagnement et surtout le rôle que le médecin généraliste pourrait jouer dans ces cas là.

• Que retiens-tu de tes entretiens avec les mamans ? 

L’idée la plus forte est le réel manque d’accompagnement, de suivis, de soutien et d’écoute de la part du corps médical.

• Quelle place les papas occupent-ils dans le cas d’une fausse couche précoce ?

Ce qui ressort le plus c’est qu’il ont une place majeure pour plusieurs raisons. Ils ont un rôle de soutien je crois que c’est primordial que toutes ces femmes soient accompagnées et soutenues pour éviter qu’elles soient encore plus dans ce sentiment de solitude. Les papas vivent aussi une souffrance mais malheureusement le plus souvent ils ne sont pas inclus dans la prise en charge d’une fausse couche spontanée précoce. 

Nous remercions Astrid de nous avoir accordé cette interview.

* Les propos d’Astrid ont été recueillis par Mathilde EDMOND-MARIETTE MINOTON

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