Nino, mon guerrier

Un mois déjà que tu es parti et une question qui ne cesse de revenir encore et encore…POURQUOI?

Pourquoi toi? Pourquoi nous? Pourquoi comme ça ? Pourquoi si vite?

La liste de ces questions est interminable et n’aura sûrement jamais de réponses. On pense toujours que cela n’arrive qu’aux autres mais quand le ciel nous tombe sur la tête, on comprend que la vie est fragile et qu’il n’y a pas de règles.

Nino est arrivé sur cette planète le 30 Janvier 2022 tel un boulet de canon. Une grossesse de rêve, un accouchement sans péridurale en 20 min et 3,920 kg de bonheur. Un beau bébé dodu et en pleine forme.

La famille était au complet, on était heureux, enfin à la maison, ensemble.

Mais le mardi 22 février 2022 dans l’après-midi, notre vie a basculé. Nino semble fatigué et pas comme d’habitude. On file aux urgences de la MFME sans se douter de ce qui nous attend. Le trajet en voiture le plus long de ma vie avec mon fils dans les bras qui ne va pas bien. Je le sens dans mes tripes et j’ai terriblement peur. Ensuite c’est l’ouragan. Des médecins partout, qui courent, crient, me posent 10 000 questions et mon Nino sur ce lit d’hôpital avec des fils partout qui se bat comme il peut. Et moi, impuissante, je ne peux que laisser les larmes couler abondamment sur mes joues.

Son cas est grave, très grave, c’est ce que je retiens dans le brouhaha de cette pièce. Je vacille, je ne comprends plus ce qui se passe. Le coup de massue tombe dans la nuit, Nino a une malformation congénitale du cœur, une valve mitrale parachute. Son cœur ne fonctionne plus seul et il est branché à un respirateur pour le soulager. Sa pathologie est trop grave, on ne peut rien faire, il faut le laisser partir…C’est le choc, l’incompréhension, j’ai l’impression de vivre la vie de quelqu’un d’autre. Mon bébé était en parfaite santé apparente hier et aujourd’hui il va me quitter pour toujours. C’est insensé, c’est impossible… Pourquoi personne n’a rien vu ? Ni les échographes, ni le pédiatre, ni les sages-femmes, ni nous, ni personne. Peut-être qu’il n’y avait rien à voir ou qu’il ne voulait rien montrer… Nino est parti dans nos bras à 8h26 le 23 Février 2022, son petit corps tout chaud blotti contre mon cœur. Nous avons eu 24 jours à ses côtés et nous ne pouvons qu’être heureux de ce court passage avec nous. C’est notre guerrier.

Après la douleur est venu l’acceptation que c’était écrit ainsi, que c’était son destin, le chemin de son âme.

Il nous a choisi pour vivre cela, nos âmes ont passées un accord et cela ne pouvait se passer autrement. L’enchainement de tous les évènements depuis sa naissance nous l’a confirmé. Même les médecins n’ont pas su expliquer comment il a vécu si longtemps sans être malade et sans que personne ne s’en rende compte. C’est le moment où on comprend qu’on ne contrôle pas tout. Nous devons continuer à vivre, à mettre un pied devant l’autre, pour lui, pour sa sœur Kali et pour nous. Nino est avec nous chaque instant et nous savons que son passage sur Terre engendrera de grandes choses même si nous ne savons pas encore quoi. Une force nous habite désormais et nous pouvons déplacer des montagnes. Nous lui devons bien ça.

J’ai décidé de faire la fête, de danser, de chanter, de rire, de nager, de faire tout ce qui me rend heureuse dès que je le peux car la vie est imprévisible et on se doit d’en profiter chaque instant. Il y a des jours plus difficile que d’autre mais j’apprends à vivre avec mais surtout sans lui. Je me suis faites accompagner par une kinésiologue et une énergéticienne et j’en suis ressorti transformée et avec un cœur réparé même s’il gardera à jamais sa cicatrice. Le chemin est encore long et il y aura encore surement des moments pénibles mais j’ai choisi de ne pas me maintenir dans la tristesse, de ne pas sombrer mais de retrouver la joie et l’amour qui m’habitait quand il était encore là.

Je ne serai plus jamais la même femme que j’étais avant son envol mais il m’a transformé, m’a reconnecté avec moi-même, ma spiritualité, avec ce qui compte vraiment et je le remercie pour ça. J’ai même réussi à écrire ce texte sans pleurer et ça c’est déjà un grand pas. 

Pour toi mon amour, mon bébé doudou, Nino Ilo RANDRIANARISOA, 24 jours d’amour pur.

écrit par Fanny, le 23 mars 2022 à 9h51

Crédit Photo : Alice des Merveilles Photographies